Dans un Québec traversé par la hausse du coût de la vie, la polarisation des débats politiques et la menace climatique, un sentiment de fragilité, à la fois individuel et collectif, s’installe. Les citoyennes et citoyens, face à la complexité des crises, peinent à se projeter dans l’avenir avec confiance. Dans un monde incertain et fragmenté, ils cherchent des repères communs, des lieux d’appartenance. Or, il est une sphère de la vie publique qui incarne et nourrit cette quête : la culture.
Un sondage Léger commandé par le Réseau Culture 360˚, l'Association professionnelle des diffuseurs de spectacles – RIDEAU et les Arts et la Ville révèle que plus de sept personnes sur dix associent directement la culture à la qualité de vie, au vivre-ensemble, au sentiment d’appartenance à leur communauté et à l’attractivité de leur ville. Une forte majorité éprouve également de la fierté à l’égard de la culture québécoise et affirme que les investissements publics en culture génèrent des retombées positives pour leur municipalité.
Ces résultats lancent un message clair aux candidates et candidats, les appelant à affirmer leur engagement en matière de culture.
En présentant ce sondage et la campagne Je t’aime culturelle, nous prenons parole pour intéresser les électrices et électeurs à la question du développement culturel dans leur ville ou municipalité. Le dynamisme culturel que nous appelons n’est pas qu’un supplément d’âme : il est un choix politique fondamental, aussi structurant que l’aménagement d’un parc ou la planification d’un réseau de transport.
La culture, antidote au repli et moteur du vivre-ensemble
Lorsqu’une municipalité soutient une salle de spectacle, un festival, une bibliothèque, une maison de la culture, un musée, elle contribue à fabriquer ce que l’écrivain Milan Kundera appelait la « mémoire vivante » des peuples : un espace où l’on se reconnaît et où l’on se raconte.
Dans un Québec où 72 % des répondants estiment que la culture locale renforce leur sentiment d’appartenance à leur coin de pays, comment ne pas voir que, sans culture, nos villes et villages perdent un peu leur âme, leur couleur propre, et deviennent des lieux sans mémoire ni horizon.
Le sondage nous montre aussi que 74 % des citoyens estiment que les événements culturels favorisent le vivre-ensemble. Dans un contexte marqué par la polarisation et la montée des discours de repli, la culture agit donc comme un antidote.
Au moment où l’identité culturelle s’invite jusque dans les débats fédéraux, il importe de rappeler qu’elle ne se décrète pas d’en haut ni ne se réduit à des slogans. Elle se construit, jour après jour, dans la proximité des municipalités, à travers les expériences partagées, les lieux et les événements culturels. La culture est un fil conducteur pour tisser notre appartenance aux autres et au territoire.
Aux urnes citoyennes et citoyens !
À l’approche du scrutin du 2 novembre, chacune et chacun peut faire avancer la culture en posant aux candidates et candidats des questions toutes simples : Quelle place donnerez-vous à la culture dans notre municipalité ? Quels projets culturels souhaitez vous porter ? Plus les attentes seront exprimées clairement aux candidates et aux candidats, plus la culture s’inscrira dans leurs priorités.
Les municipalités font aujourd’hui face à de nombreux défis pressants : l’itinérance, l’accès au logement, l’inclusion sociale. La culture ne prétend pas résoudre ces enjeux. Mais, en favorisant la participation de tous et toutes, elle agit comme vecteur d’inclusion et de dignité.
Faire de la culture une priorité municipale, c’est reconnaître qu’elle n’est pas un luxe, mais un fondement de la démocratie de proximité. À l’heure des choix électoraux, rappelons-nous qu’elle façonne la manière dont nous habitons nos villes et nos villages, et qu’elle détermine, au même titre que le logement ou la mobilité, la qualité de vie de nos communautés.
Éric Lord, directeur général, Réseau Culture 360˚
Julie-Anne Richard, directrice générale, Association professionnelle des diffuseurs de spectacles - RIDEAU
David Lavoie, directeur général, Les Arts et la Ville